Nicolas Millet – Des animaux sans âme, ou la fabuleuse histoire des animaux-machines selon Descartes

La réduction cartésienne des animaux à de simples machines est si contre-intuitive qu’elle nous semble proprement fabuleuse, invraisemblable. Pourtant, ce refus de doter les animaux d’une âme est justifié par le rejet de l’anthropomorphisme, qui nous fait projeter sur eux ce que nous sentons en nous pour expliquer leur comportement.

Mais l’établissement de la thèse des  animaux-machines ne va pas sans fable non plus, tout d’abord parce que la science en général, dans sa dimension même d’invention et de découverte, ne va pas sans fabulation (et non sans affabulation) : il y a des « structures rhétoriques de la science » (F. Hallyn). Ensuite, parce que Descartes en particulier ne dédaigne nullement la fable dans l’établissement ou l’invention de la vérité, et pas seulement dans sa communication.
Enfin, indépendamment des avancées de l’éthologie qui semblent rendre cette thèse caduque, celle-ci relève encore de la fable telle qu’elle nous est habituellement transmise : exagérée, simplifiée, pour coller au récit qu’on veut faire de la modernité et de son initiateur : Descartes. Il faudra ici en démêler le vrai du faux.

Nicolas Millet est professeur de philosophie au lycée Choiseul de Tours.

Samedi 4 mai 14h30 – 15h45, Musée des beaux-arts d’Orléans.

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